(Download) "Les Églises et les Juifs (1933-1945)" by Menahem R. Macina # eBook PDF Kindle ePub Free
eBook details
- Title: Les Églises et les Juifs (1933-1945)
- Author : Menahem R. Macina
- Release Date : January 06, 2013
- Genre: History,Books,Religion & Spirituality,Christianity,
- Pages : * pages
- Size : 230 KB
Description
Après avoir abordé dans ses ouvrages précédents les différents aspects de la résistance ecclésiastique catholique au nazisme, l’auteur étend ici son enquête au monde protestant. Il avoue d’emblée qu’il a longtemps partagé l’opinion selon laquelle «l’Église Confessante» d’Allemagne avait tenu tête au régime nazi durant toute la guerre, même si elle n’avait pu que limiter les dégâts face à une répression cruelle et au danger, parfois mortel, qu’encouraient les pasteurs et les fidèles qui défendaient et aidaient leurs coreligionnaires «non-aryens». Une étude plus approfondie des documents accessibles l’a amené à nuancer son optimisme.
Il cite, entre autres, ces lignes écrites en 1933 par un pasteur favorable aux juifs, selon lequel le peuple allemand «a eu beaucoup à supporter du fait de l’influence du peuple juif, en sorte que le désir d’être libéré de cette exigence est compréhensible», osant ajouter : «Il serait inadéquat qu’un pasteur d’origine non aryenne occupe une fonction dans l’administration des églises ou une position prééminente dans les missions intérieures.»
Il évoque également un document intitulé «l’Église Évangélique et ses juifs chrétiens», qui mettait l’accent sur la responsabilité de l’Église envers eux, non sans se laisser aller à ces propos choquants : «notre Église n’est pas en mesure de garantir [aux juifs] des droits légaux ; mais, dans sa sphère propre, [elle] fera preuve d’un total amour fraternel et de compassion envers ceux de nos membres qui veulent s’assimiler au caractère national allemand, c’est-à -dire, au Peuple et à la race. Bien entendu, l’Église s’attend à ce que ces frères et sÅ“urs étrangers de même foi abandonnent réellement les caractéristiques héritées de leurs pères – qui sont étrangères à ce qui est allemand – pour s’intégrer dans l’héritage de notre identité nationale et fassent preuve de retenue dans la vie publique, de manière à ne pas faire obstacle à la pratique de l’amour fraternel ou à ne pas jeter le trouble dans la communauté de vie et de foi d’aujourd’hui.»
Dans les faits, on assista alors à un reniement de l’un des engagements initiaux majeurs de l’Église Confessante – à savoir, le refus d’appliquer l’exclusion des pasteurs d’origine juive du corps des fonctionnaires, conformément au Paragraphe Aryen. C’est en vain qu’un important dirigeant protestant d’origine juive – qui tombait lui-même sous le coup du Paragraphe Aryen – écrivit, le 19 décembre 1935, au Conseil de l’Église du Reich, l’implorant de «ne pas fermer les yeux plus longtemps sur la détresse intérieure toujours croissante des chrétiens non-aryens concernés par les nouvelles lois». Son avertissement prophétique résonne encore comme un reproche brûlant : «Se taire plus longtemps serait charger l’Église Évangélique d’un péché inexcusable devant le Seigneur de l’Église.»
Selon l’historien Wolfang Gerlach, fort sévère envers l’attitude de son Eglise à l’époque, «le thème “juifs” n’avait pas seulement été passé sous silence. Nombre de théologiens traitèrent de la question et leurs réflexions montrèrent combien le courant théologique majoritaire de l’époque empêchait toute solidarité avec les juifs». Le débat, qui alla d’ailleurs en s’affaiblissant au fil des années, finit pas se concentrer uniquement sur l’aspect «théologique et exégétique de la question juive».
Le présent livre montre que cette focalisation permit aux chrétiens d’abandonner à leur triste sort leurs coreligionnaires juifs, tout en tenant des discours scandalisés sur cette injustice inhumaine et en se lamentant sur l’impuissance de l’institution religieuse face à une législation d’État à laquelle il ne leur semblait pas possible de s’opposer.